dimarts, 15 de maig del 2012

Ici, le chemin commence

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Je n'utiliserai pour progresser aucun moyen mécanique. Non pour le plaisir de ne devoir les kilomètres qu'à ma propre énergie mais parce que avancer lentement, à pied ou à cheval, est une bonne façon de saisir l'état d'esprit d'un évadé qui se tient seul, démuni de tout, armé de ses seuls muscles, à l'orée de six mille kilomètres d'immensité. En outre, peiner sur une piste est une manière de rendre hommage à ceux qui y ont souffert avant soi. Les Anglais ont une belle formule pour parler de l'alpinisme. Ils disent que grimper sur une muraille sans utiliser ni pitons ni cordes, c'est pratiquer l'escalade by fair means. Or j'ai toujours voulu voyager comme grimpent les Anglais, avec de justes moyens, ce qui revient à dire: honnêtement. À cheval, à pied, à bicyclette. Je trouve déloyal de se présenter devant la géographie armé d'un moteur, et je sais que le pas humain, la foulée du cheval sont les meilleurs instruments pour mesurer l'immensité du monde. Voilà dix ans que je trouve la paix en battant les chemins et que rien ne me met plus en joie qu'un horizon fuyant lentement mes tentatives de le rejoindre. Parfois, comme les Mongols qui sont les fils du vent, je pense que la terre est dure et le ciel lointain, mais j'apprécie tellement que celle-là me serve de paillasse et celui-ci d'auvent que je suis prêt à leur sacrifier les misérables plaintes de mes articulations. La seule chose que je puis offrir au paysage, c'est mon temps, et j'aime donc à donner des jours entiers à la pente des glaciers, des semaines à des déserts venteux, de long mois à la piste.

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